Nederland, het waterland…

"Dieu créa le monde, mais les hollandais créèrent la Hollande." René Descartes

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  •  Historique

L’étymologie du nom Hollande vient de « hol land » ce qui signifie littéralement le pays des creux. Mais la Hollande n'est en réalité que les deux provinces situées à l’Ouest du pays, Noord Holland (Amsterdam) et Zuid Holland (Rotterdam). Les hollandais ont baptisé leur pays « Nederland », pays bas en Français, en raison de leur très faible altitude voire même de leur altitude négative.

Les Pays Bas sont un immense marais  et cela fait 500 ans que les hollandais creusent des canaux pour évacuer l'eau en permanence. Environ 33% des terres émergées sont situées en dessous du niveau de la mer.

Cette situation particulière oblige ce pays à trouver en permanence de nouvelles solutions pour rester la tête hors de l'eau…

C’est ce qui a poussé les Pays-Bas à gagner des territoires sur l’eau et la mer. De nombreux polders ont été créés au fil des années, dans le cadre des travaux du Zuiderzee,  augmentant significativement la surface de ce pays. La douzième province hollandaise est d'ailleurs un polder, Flevoland, dont la capitale provinciale Lelystad porte le nom de l'inventeur du polder, Cornelis Lely. Mais le polder a ses exigences pour exister, il faut pomper l’eau en permanence. Tout le monde connait la magnifique enfilade des moulins de Kinderdijk (Digue de l’enfant) ci-dessus, mais peu de gens savent que ces bucoliques petits moulins se situent dans la zone industrielle de Rotterdam et qu'ils pompaient de l’eau pour assécher le marais sur lequel ils se trouvent.

L'Afsluitdijk (Digue de fermeture) est très certainement l'ouvrage majeur de la fermeture du Zuiderzee. Cette digue d'une longueur de 32 kilomètres a été réalisée de 1927 à 1933. Elle sépare la mer des Wadden au Nord, de l'IJsselmeer (Lac d'IJssel) qui est un lac d'eau douce du nom du fleuve qui s'y jette au Sud-Est.

Cette très grande maîtrise de l’eau a permis aux Hollandais de sculpter des paysages dans le monde entier. A titre d’exemples on peut citer les canaux de la ville de  Götteborg en Suède, en France le marais poitevin et le marais desséché ont été créés par des hollandais.

Le canal supérieur du marais a d'ailleurs été baptisé "la ceinture des Hollandais" pour rendre hommage à leur travail.

Pour pouvoir mettre en œuvre cette politique risquée, les Hollandais ont payé un lourd tribu à la mer. Dans la nuit du 31 janvier au 1er Février 1953 une tempête a rompu pas moins de 89 digues et tué plus de 1500 personnes. C'était au lendemain de la guerre, le pays était en pleine reconstruction et l'état des digues n’était pas surveillé comme il aurait du l’être. Cette lourde erreur n'a jamais été oubliée et depuis, si les Hollandais ont continué à composer avec l'eau, ils la surveillent de très près. Toutes les digues sont contrôlées sur toute leur longueur, en permanence. En cas de problème, les travaux sont engagés immédiatement.

De nombreux ouvrages témoignent de cette réalité, nombre de villes sont protégées des fleuves non par une digue, mais par deux digues parallèles  appelées « digues d’été » et « digues d’hiver ».  Le fleuve ainsi endigué ne menacera jamais les habitations. Une autre particularité de la Hollande, on ne construit jamais en zone inondable par contre on prévoit que le fleuve puisse s’épandre. Récemment de nombreuses de fermes, placées en bordure du Rhin, ont été détruites pour réaliser des zones d'épandage en cas de crue.

  •  Impact du réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est une nouvelle donnée qui modifie considérablement la problématique de l’habitat et oblige à de nouvelles réflexions. Rappelons que les polders sont situés sous le niveau de la mer ce qui oblige un pompage continu de l’eau pour l'évacuer.

Même si les machines sont plus imposantes, ci-contre les vis des pompes à eau de Kinderdijk, bien plus puissantes, et plus efficaces, elles sont bien moins poétiques que les moulins, mais bien plus énergivores… Plus le niveau de l’eau monte plus les volumes d’eau à pomper augmentent et plus la quantité d’énergie à utiliser augmente. Il n’est dès lors plus possible de continuer dans cette direction ce d’autant qu’on prévoit une montée des eaux de l’ordre d’un mètre.

On en imagine mal l’impact, mais c’est absolument considérable. Cette montée des eaux devrait toucher  environ 67 % de la population hollandaise et fera disparaître 6.7% de la surface du pays.

Face à cette situation les Pays Bas ont anticipé les problèmes à venir. Il est bien plus facile et moins coûteux d’anticiper sur une problématique que l’on sait inéluctable que de réagir après une catastrophe.

Suite à la tempête de 1953 le plan Delta a été mis en œuvre entre autres à Zélande et il vient d’être terminé. D’immenses écluses anti-tempêtes ont été construites permettant d’isoler la mer des estuaires. Ci-dessus l'Oosterscheldekering (le barrage de l'Escault oriental).

Ces écluses installées sur la côte sont désormais capables de résister à des tempêtes très sévères, susceptibles de se produire une fois en 10 000 ans pour les zones urbanisées et une fois en 4 000 ans pour les espaces ruraux. Là aussi, nous avons à faire à des ouvrages colossaux, dont le coût est exponentiel, mais c’est absolument nécessaire.

Un autre ouvrage très imposant vient d’être achevé, le Maeslantkering (Barrage du Pays de Meuse). Cet ouvrage grand comme deux tours Eiffel à plat fait la fierté des hollandais. Il est l’aboutissement du plan Delta et vient fermer la Meuse en cas de crue et de forte tempête. Cet ouvrage colossal protège le port de Rotterdam.

Mais malgré ces protections un polder, celui d’Hedwige en Zélande à l’embouchure de l’Escaut, a été rendu à la mer. D’autres devraient suivre…

  •  Construire sur l’eau : le quartier de IJburg

La montée des eaux, due au réchauffement climatique, aux Pays Bas, va impacter plus de 60% de la population. Pour bien comprendre la problématique il faut savoir, par exemple, qu'Amsterdam, citée lacustre construite sur pilotis, est située à une altitude souvent négative, ou que le point le plus bas des Pays-Bas  est situé lui à -6.74 m. Sur la coupe ci-contre, obtenue avec Google Earth, on peut voir qu’entre le centre ville d'Amsterdam et le quartier d’IJburg (trait jaune), l’altitude peut varier jusqu'à moins cinq mètres.

Depuis très longtemps, l’homme sait construire sur l’eau. Les cités lacustres sont nombreuses et ont laissé des traces. Vivre sur des péniches, pourquoi pas, mais proposer des quartiers flottants c’est un challenge d’un autre type mais qui peut être une réponse à la montée des eaux. C’est une des réponses d’Amsterdam à la montée des eaux. C’est pourquoi je vous propose en cette période de confinement l’étude d’une maison flottante située dans le quartier lacustre de IJburg à l’Est d’Amsterdam.

Ces maisons pour être légères sont construites en ossature bois sur un caisson flottant en béton armé. Elles sont construites hors d’eau puis amenées sur site par bateaux. Des points d’attache sont fixés sur la dalle et permettent d’amarrer la maison sur deux pilotis ancrés au fond du lac.

A ce sujet il est à noter que le béton de la dalle est un béton normal mais vibré à l'aiguille. Les bétons de très haute qualité comme les bétons nucléaires, laissent quand même  infiltrer des quantités d’eau certes minimes mais non nulles. Dans notre cas la dalle béton doit être rigoureusement étanche puisque c’est un lieu d’habitation.

Autre remarque, lors de la conception de la maison il vous faudra penser à l’agencement des masses. Le mobilier lourd, par exemple une bibliothèque, une salle de bain ou une cuisine pèsent un certain poids et il faudra les localiser précisément dans la maison. Si dans une maison traditionnelle on ne se pose même pas la question, il en va tout autrement pour une maison flottante, car intervient la notion de niveau ! Si on veut que la maison ait son plancher horizontal, il faudra se préoccuper de la répartition des masses dès la conception de la maison.

C'est là que vous entrez en jeu !